Rien ne prédestinait l’institutrice guadeloupéenne Aimée Jean-Baptiste et son mari, l’instituteur parisien Bernard Garigue, à sortir de l’oubli. Ces deux inconnus ne subsistaient que dans les souvenirs de leur entourage, jusqu’à ce qu’ils réapparaissent dans un bouquet de lettres abandonnées, vendues sur une brocante parisienne à la fin des années 2000. Intrigués et bouleversés par cette correspondance, les auteurs ont cherché à redonner vie à ce couple des années 1950 et 1960, en explorant des fonds d’archives et en retrouvant leurs proches.

Au fil de l’enquête, se dénouent les fils d’un destin tragique, celui de la relation amoureuse entre une femme enceinte accablée par sa hiérarchie et un pacifiste appelé du contingent dans le maquis de la Grande Kabylie. Dans les lettres qu’ils s’échangent, le lecteur suit pas à pas les péripéties d’une famille déchirée par la guerre, marquée par une histoire coloniale dont nous ne sommes pas encore sortis. C’est un regard inédit sur la guerre d’Algérie, décrite à travers la voix de ceux dont elle a bouleversé l’existence : les appelés et leur famille.

Au croisement de l’histoire de l’intime et de l’enquête sociologique, la recherche micro-historique sur ce couple nous plonge dans la face méconnue de la société française des « Trente glorieuses », marquée par une guerre meurtrière, les hiérarchies sociales, les relations interethniques, la discipline dans le travail, les nouvelles normes concernant le corps et l’accouchement.


« Une formidable enquête socio-historique »
La Marseillaise – Roland Pfefferkorn – 13 juillet 2017

« Pour leur premier livre, c’est un coup de maître ».
Livres Hebdo – 20 janvier 2017

« Ce texte intéressera bien au-delà des spécialistes de la guerre d’Algérie. Il est fondamentalement un plaidoyer pour l’enquête ; une très belle invitation à faire de l’histoire »
Vingtième siècle – automne 2017

« Une enquête étonnante »
« Par une habile « mise en récit », les auteurs ne se contentent pas de produire du contexte ; ils inversent le procédé traditionnel consistant à inscrire les deux protagonistes dans leur époque, pour donner à voir par ce couple l’époque et faire de celle-ci un véritable troisième acteur ».
« Sans doute le plus inédit est-il le portrait magnifique que font les deux auteurs d’Aimée, femme noire dans la société française des trente glorieuses, sa débrouille, ses arrangements, ses secrets. Avec ce livre et avec Aimée, les deux auteurs ont commencé à écrire l’histoire oubliée des femmes antillaises »

En Attendant Nadeau – n° 31, avril 2017 – Philippe Artières

« Dans les silences de la correspondance, ils font feu de tout bois pour restituer une époque, des manuels sur la grossesse aux enquêtes sur les prix de l’immobilier, en passant par les bulletins météorologiques. Pas question pour les deux auteurs d’écrire l’histoire du couple sans le replacer dans un « réseau complexe de relations qui les unissaient à la société française » (p. 25). Les allers-retours entre histoire individuelle et histoire collective, finement enchâssées dans le texte, sont aussi permis par une bibliographie solide et maîtrisée »
« Resserré sur la vie d’un couple durant moins de 3 ans, ce livre contribue à des champs plus larges comme l’histoire des appelés en Algérie, celle de la guerre en métropole ou encore du racisme de la société française dans les années 1950-1960. À cet égard, le pari des auteurs est tenu »

La Vie des idées – Claire Marynower – 18 décembre 2017


Autres recensions :

Le mouvement social (par Dominique Fouchard)

Sociologie (par Antoine Perrier, 22.5.2018)

European Journal of Life Writing (par Martyn Lyons, vol.7, 2018)

Modern and Contemporary France (par Mildred Mortimer, 10.11.2018)

H-France (par Arthur Asseraf, vol. 18, n°210, octobre 2018)